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Restitution des données

Vers une histoire des parasites...

Comprendre l’histoire des maladies parasitaires et leur évolution au cours des siècles font partie des problématiques de la paléoparasitologie sur lesquelles nous travaillons à Besançon. Apparitions, disparitions, résurgences ou encore migrations des parasites sont des phénomènes pour certains déjà observés, et auxquels les études que nous menons cherchent à répondre. Après plus d’un siècle d’existence, les acteurs de la recherche en paléoparasitologie ont accumulé de nombreuses données dans des secteurs géographiques et pour des périodes variés. C’est par la compilation de ces données qu’il est possible d’aboutir à des reconstructions partielles de l’histoire récente de ces pathogènes.

Ce travail de compilation réalisé il y a quelques années sur les occurrences connues de la petite douve du foie Dicrocoelium dendriticum en archéologie, avait permis de mettre en évidence un transfert très moderne de ce parasite sur le continent américain. Il semble en effet que la colonisation du Canada par les Anglais et les Français au cours du 17ème siècle ait été à l’origine du passage du parasite vers le continent américain. La petite douve du foie, présente en Europe de l’ouest depuis au moins le Pléistocène, aurait été amenée avec les cheptels embarqués sur les navires, et destinés à l’élevage sur place.

Plus récemment, ce même travail de synthèse a été fait pour l’oxyure du cheval, Oxyuris equi, dont les occurrences, peu nombreuses en archéologie, semblaient augmenter au cours de la période romaine. En 2016, une synthèse a été publiée sur les mises en évidence de l’amibe pathogène humaine, Entamoeba histolytica, au cours des six derniers millénaires. Dans la présente étude, c’est l’approche par immunologie qui a permis l’acquisition d’un grand nombre de résultats précis. Il apparait que les plus anciennes traces de la souche actuelle de l’amibe de l’homme sont présentes en Europe de l’Ouest à la période néolithique. En revanche, pour le continent américain, les plus anciennes mentions n’apparaissent qu’à partir du 12ème siècle, soulevant ainsi de nombreuses questions quant à son origine.
Les parasites ne se déplaçant pas sans leurs hôtes, les phénomènes de migrations observés au cours de nos études sont liés aux mouvements de populations humaines ou animales. Mais à l’inverse, l’étude des parasites est à même de fournir des indices supplémentaires permettant de mettre en évidence ou de confirmer des mouvements anciens de populations.

Bibliographie en lien :

Dufour, B., Hugot, J.P., Lepetz, S., Le Bailly, M., 2015. The horse pinworm (Oxyuris equi) in archaeology during the Holocene : Review of past records and new data. Infect Genet Evol 33, 77-83.
Le Bailly, M., Bouchet, F., 2010. Ancient dicrocoeliosis : Occurences, distribution and migration. Acta Tropica 115, 175-180.
Le Bailly, M., Bouchet, F., 2013. Diphyllobothrium in the past : Review and new records. International Journal of Paleopathology 3, 182-187.
Le Bailly, M., Maicher, C., Dufour, B., 2016. Archaeological occurrences and historical review of the human amoeba, Entamoeba histolytica, over the past 6000 years. Infect Genet Evol 42, 34-40.